FLÂNERIE SUR LE MÉKONG

Comment ? Le Mékong, une mer sombre et agitée sur laquelle rebondissent des hors-bord pilotés par des hommes au regard dur ? Il ne pouvait bien sûr s’agir que d’un mauvais rêve ! Debout à l’arrière, progressant à la godille, ou accroupis à l’avant, maniant la pagaie, des piroguiers, vêtus simplement d’une pièce de tissu à carreaux multicolores descendant jusqu’aux mollets, remontaient lentement le courant en se tenant près de la rive. Au large, de longues barques en bois recouvertes d’un toit chargé de marchandises descendaient le fleuve. D’autres embarcations se montraient à la surface des eaux, celles des passeurs assurant la liaison entre les deux rives, mais surtout celles des pêcheurs. Certains avaient choisi les bas-fonds, et avec une grande habileté déposaient ou remontaient leurs filets dérivants tout en manoeuvrant, tandis que d’autres se tenaient dans les endroits peu profonds et y lançaient à intervalles réguliers leurs éperviers. Mauvais rêve (Février 1998)

Quoi écrire sur le Laos, et puis surtout comment, lorsqu’il vous manque tout d’abord le talent d’un conteur, les facultés du romancier et les connaissances d’un spécialiste du pays ? Que par ailleurs vous ne possédez pas une âme de nomade ou d’explorateur s’enivrant rapidement ? Qu’enfin votre esprit se refuse à l’épanchement, est rebelle à toute surcharge ? Tel est le défi relevé dans ce carnet de voyage, une succession de brèves évocations des sujets les plus divers, auxquelles un dessin de Bertrand Bernardi fait parfois écho discrètement.